De la honte à la confiance : ce que la dyslexie m’a appris
- Dorothée Béthune

- 10 oct.
- 4 min de lecture
J’ai découvert la dyslexie très tôt, vers mes 5 ans. À cet âge-là, alors que d’autres enfants apprenaient à lire avec enthousiasme, les mots se mélangeaient pour moi. Les lettres dansaient, les sons s’emmêlaient, et chaque ligne semblait une montagne à gravir. C’est à ce moment-là que les séances d’orthophonie ont commencé — elles m’ont suivie jusqu’au lycée, patiemment, semaine après semaine.

C’est quoi, la dyslexie ?
La dyslexie est un trouble spécifique du langage écrit, qui touche la lecture, l’écriture et parfois la mémoire verbale. Elle ne dépend ni de l’intelligence ni de la volonté, mais de la manière dont le cerveau traite les sons et les symboles. C’est une différence neurologique, pas une faiblesse.
Les personnes dyslexiques peuvent :
confondre des sons proches (“b” et “p”, “d” et “t”),
inverser des lettres ou des syllabes,
lire lentement ou sauter des mots,
rencontrer des difficultés en orthographe ou en grammaire.
⚡ Ce que ça entraîne au quotidien
La dyslexie, c’est bien plus qu’une difficulté à lire. Elle s’accompagne souvent :
d’une fatigue cognitive importante,
d’un sentiment de honte ou d’inconfort,
de difficultés scolaires ou professionnelles persistantes,
et parfois d’une baisse de confiance en soi.
Même adulte, ces difficultés peuvent ressurgir : certaines consignes, certains textes me demandent encore beaucoup d’énergie et de concentration.
💪 Peut-on "guérir" de la dyslexie ?
La dyslexie ne se guérit pas, mais elle se transforme. On peut entraîner le cerveau à fonctionner différemment, développer des stratégies et surtout, réveiller certains réflexes oubliés.
👉 Les réflexes archaïques, par exemple, jouent un rôle essentiel.Ce sont des mouvements automatiques présents dès la naissance, qui participent à la construction du système nerveux et à l’intégration sensorimotrice. Quand certains de ces réflexes ne sont pas bien intégrés, ils peuvent influencer la posture, la coordination, la concentration… et les apprentissages.Leur intégration, grâce à des exercices corporels simples et ludiques, aide parfois à améliorer la lecture, l’écriture, la mémoire et la confiance en soi.
👉 D’autres approches d’entraînement cérébral (méthodes de latéralisation, programmes multi-sensoriels, jeux cognitifs, etc.) permettent aussi de stimuler la plasticité du cerveau et d’améliorer les performances attentionnelles.
🧠 Mon parcours et mes découvertes
Les tests psychotechniques ont été une révélation pour moi. Je m’en suis servie lors de ma préparation à l’école d’infirmière en 2005, et plus récemment encore, pour préparer un autre concours. Ces exercices, souvent redoutés, m’ont au contraire aidée à entraîner mon cerveau, à renforcer mes capacités de raisonnement, de logique et de concentration. C’est une façon ludique et structurée de stimuler la cognition — un outil que je recommande à toutes les personnes “dys”.
🌸 Ce que mes grossesses m’ont appris
Étonnamment, mes grossesses ont aussi changé des choses en moi. Elles m’ont reconnectée à ma curiosité naturelle et à ma capacité d’apprentissage. J’ai compris que la passion transforme la difficulté : quand on est animé par un sujet, qu’on le vit avec sens et plaisir, le cerveau s’ouvre et apprend autrement. Apprendre n’est plus un effort, mais un élan.
👩👦 Aujourd’hui, un double défi
Aujourd’hui, mon défi, c’est moi… mais aussi mon fils aîné, que j’accompagne à mon tour dans ses difficultés. Je sais ce que c’est que d’avoir un cerveau qui fonctionne “autrement”. Ensemble, nous avançons avec patience et bienveillance. Parce qu’au fond, les “Dys” ne disparaissent jamais vraiment — ils se domptent, s’apprivoisent, et finissent par devenir une force.
En conclusion
La dyslexie m’a longtemps fait douter, me sentir différente, parfois “moins”. Mais aujourd’hui, je sais qu’elle fait partie de mon histoire, et qu’elle m’a aussi appris la persévérance, la créativité et l’écoute. Apprendre autrement, c’est aussi apprendre à se connaître. Et c’est peut-être là, la plus belle des victoires.
📚 Bibliographie sélective
🧩 Réflexes archaïques et développement de l’enfant
Sally Goddard Blythe. Les réflexes archaïques, fondements du développement de l’enfant. Éditions du Souffle d’Or, 2012.→ Ouvrage de référence sur le lien entre réflexes, motricité, posture et apprentissages scolaires.
Paul Landon. Réflexes archaïques, motricité et apprentissages. → l’intégration motrice influence lecture, écriture et attention.
Svetlana Masgutova. MNRI® Reflex Integration. The Masgutova Foundation, 2015.→ Base théorique de la méthode Masgutova, qui inspire de nombreuses pratiques actuelles d’intégration motrice.
🧠 Dyslexie, apprentissages et plasticité cérébrale
Sally Goddard Blythe. Les réflexes archaïques, fondements du développement de l’enfant. Éditions du Souffle d’Or, 2012.→ Référence essentielle sur la construction neurologique et motrice de l’enfant.
Emmanuelle Sutherland, Le B.A.-BA des réflexes archaïques : Comment repérer et intégrer ses réflexes pour vivre mieux, Éditions Quintessence, 2021.
Sally Goddard Blythe. Prêt à apprendre avec les réflexes ! Éditions Tom Pousse, 2019.→ Ouvrage très clair qui montre comment les réflexes non intégrés peuvent freiner les apprentissages scolaires et comment des exercices simples peuvent aider à les rééduquer.
Stanislas Dehaene. Les neurones de la lecture. Éditions Odile Jacob, 2007.→ Étude approfondie du fonctionnement cérébral dans la lecture, par un neuroscientifique français.
Catherine Gueguen. Pour une enfance heureuse : repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau. Pocket, 2014.→ Vulgarisation claire sur les émotions et les apprentissages, utile pour comprendre le lien entre stress, bienveillance et réussite scolaire.
Céline Alvarez. Les lois naturelles de l’enfant. Les Arènes, 2016.→ Présente une pédagogie respectueuse des rythmes neurologiques et sensoriels, très adaptée aux profils “Dys”.
🔁 Lien entre réflexes, apprentissages et troubles Dys
Sally Goddard Blythe. Reflexes, Learning and Behavior: A Window into the Child’s Mind. Fern Ridge Press, 2005.→ Met en lumière comment les réflexes non intégrés peuvent perturber lecture, écriture, concentration et coordination.
Dr Jean Ayres. L’intégration sensorielle et l’enfant. → Indispensable pour comprendre la base sensorielle des troubles d’apprentissage.
📎 Ressources en ligne complémentaires (gratuites)
https://www.ffdys.com — Fédération Française des Dys
https://www.dys-positif.fr — Outils et accompagnement
https://www.apedys.org — Réseau d’associations Dys
https://reflexes.org — Association française dédiée à la compréhension des réflexes archaïques
https://www.tdah-france.fr — Ressources autour de la méthode Barkley et des troubles attentionnels






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